Marina Tomé / Collaboration au scénario / Premier rôle féminin Marlène
Collaborer à l’écriture d’une pièce ou d’un film, aider un auteur à cerner son sujet et ne pas le lâcher, participer à la création d’un univers est pour moi une des pistes jubilatoires de mon travail. J’aime laisser mon imagination d’autrice, voguer sur les terres des autres.
Et pour Ceci est mon corps, dans la mesure où j’allais en plus jouer Marlène, c’était je l’avoue totalement jouissif.
Marlène est un personnage haut en couleurs, une figure de femme libre et épanouie mais pleine de toutes les contradictions. 50 ans et toujours vivante, ni vieille fille sèche, ni nounou gironde, en pleine ménopause oui mais toujours amoureuse, Marlène est dans l’action, elle brasse, elle agit. Dans la droite ligne de cette maxime que je faisais dire à ma mère dans un de mes spectacles, « Agis, agis, ne prend pas de pose, les femmes comme nous ne sont belles que dans le mouvement ».
Ensuite pour la jouer, comme tout allait très vite sur le tournage, qu’entre deux scènes je m’occupais aussi d’installer le décor suivant… Je me suis ancrée dans son axe central, cette volonté de transmettre, de partager, d’être un phare pour les autres, ses amis, sa bande, sa maîtresse, son amant, ses élèves de théâtre et ce curé qui la colle… Et à partir de là pour chaque scène, j’essayais de tirer au maximum l’élastique de sa fantaisie. Je me souviens du jour « Séquences Chambre Marlène », que l’on a tourné chez moi, dans ma vraie chambre à moi. Le plan de travail prévoyait de tourner à la suite toutes les scènes au lit et j’ai donc passé la journée entière à changer les draps, changer de nuisette et recevoir tous les personnages dans mon lit, avec autour de nous la caméra, les lumières, et tous les techniciens, pas aussi nombreux que sur un tournage financé mais ça faisait quand même du monde dans ma chambre ! C’était drôle et joyeux… Le soir, j’ai changé les draps une dernière fois et me suis couchée, épuisée. J’entendais encore résonner « action, couper, quand tu veux… » et n’ai pas réussi à m’endormir.
Si Marlène était là, elle proposerait à l’issue de la sortie de ce film des cercles de femmes, partout dans chaque ville, des cercles où une parole libre sur la sexualité pourrait s’échanger, car comme elle le dit à Gabin curé dans le film – et c’est la phrase de tout ce que j’ai apporté à ce scénario qui me tient le plus à cœur – « Seule une femme peut aider une autre femme à construire ce qui n’a pas été acquis ».
Photos Patricia Franchino
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En savoir plus sur le film : http://www.ceciestmoncorps-lefilm.com/